Quelle médecine pour demain ?

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Quelle médecine pour demain ?

La médecine progresse à pas de géant ! Nous avons demandé à sept médecins de Saint-Luc quelle serait, selon eux, l'avancée médicale majeure dans les années à venir dans leur spécialité. Le futur nous réserve bien des surprises...

Gastroentérologie et hépatologie : Des traitements à base de cellules souches

Pr Etienne Sokal : Ğ Dans les cinq années à venir, la thérapie cellulaire va sensiblement se développer grâce aux avancées de la biotechnologie. Résultat: de plus en plus de médicaments produits à partir de cellules souches vont apparaître sur le marché. La thérapie cellulaire (ou médecine régénérative) est une méthode de traitement qui consiste à soigner certains organes par l'apport de cellules souches pour remplacer les cellules défaillantes. Les cellules souches ont la capacité de s'autorenouveler et de régénérer ou de recréer des tissus détruits. Jusqu'ici, nous nous servions de molécules chimiques pour soigner les patients, chacune d'entre elles visant une cible unique. Désormais, nous utiliserons les cellules comme "polymédicaments" vivants, exerçant de multiples fonctions et sécrétant de multiples molécules actives, produites en continu. Outre les déficits enzymatiques, les cellules souches permettront de traiter des affections inflammatoires (l'hépatite, par exemple) ou la fibrose du foie.ğ

Génétique : Connaître le code génétique entier (génome) de l'homme

Pr Yves Sznajer : Ğ Le progrès majeur dans les années à venir sera la capacité de séquencer le génome (ensemble des molécules d'ADN d'une cellule) d'une personne. En d'autres termes, les médecins seront capables de définir chacune des 3.000 milliards de lettres de l'ADN, qui composent le disque dur du programme biologique d'un être humain! Grâce à cette énorme quantité d'informations, les médecins pourront mettre en évidence une anomalie expliquant la présence de signes cliniques et, donc, diagnostiquer plus facilement certaines maladies génétiques. Ils pourront aussi détecter des facteurs de susceptibilité d'apparition de maladies. Les médecins pourront ainsi, par exemple, étudier la signature biologique d'une tumeur. Cette technologie sera appliquée à un individu, mais aussi en amont, à l'échelle des premières cellules embryonnaires (en cas de procréation médicalement assistée).ğ

Chirurgie orthopédique : Des robots acteurs en salle d'op

Pr Xavier Banse : Ğ La robotique pénètre doucement dans les salles d'opération. Et dans les décennies à venir, les robots seront davantage acteurs qu'esclaves. Pour l'instant, Saint-Luc est l'un des seuls hôpitaux du monde à bénéficier de deux robots imageurs de très grande taille qui assistent le chirurgien. Grâce au travail de collaboration entre les ingénieurs et les médecins, ces robots pourraient atteindre un niveau de contrôle encore plus élevé avec, par exemple, des images en 3D plutôt qu'en 2D. L'avantage est double: grâce à la précision apportée par le robot, le chirurgien peut réaliser certaines opérations assez lourdes qu'il n'aurait pas pu faire avant. Quant au patient, il peut récupérer plus rapidement puisque les incisions sont moins importantes.ğ

Chirurgie cardiovasculaire : Des dispositifs implantables toujours plus petits

Pr Parla Astarci : ĞL'avenir, outre la technologie minimale invasive, c'est le développement de dispositifs médicaux implantables. Implantés en totalité dans le corps par une intervention chirurgicale et destinés à y rester, ces dispositifs accomplissent une action médicale remarquable!
Dans les années à venir, ils vont se miniaturiser davantage. Dans 15 à 20 ans, nous pourrions même voir apparaître des coeurs, des valves ou des artères artificiels, implantés grâce à la chirurgie minimale invasive via de petits trous, à l'aide de robots médicaux. Le bénéfice de ces dispositifs, c'est une meilleure récupération post-opératoire du patient. Dans notre Département cardiovasculaire, nous envisageons déjà de réaliser certaines opérations cardiaques de façon entièrement robotisée.ğ

Neurochirurgie : Des implants électroniques miniatures

Pr Christian Raftopoulos : Ğ Dans les dix années à venir, nous allons voir se développer des implants électroniques, plus complexes et plus petits, implantables dans le système nerveux central. Actuellement, des électrodes envoyant des signaux électriques aux neurones existent déjà. Elles sont placées dans certaines parties du cerveau pour traiter les mouvements anormaux (dans la maladie de Parkinson, par exemple). Elles permettent d'inhiber certains réseaux neuronaux trop actifs ou de stimuler d'autres réseaux qui ne le sont pas assez. À l'avenir, ces électrodes deviendront plus précises et plus performantes, ce qui permettra au médecin de mieux prendre en charge le patient et de traiter d'autres maladies, comme la dépression sévère.ğ

Radiologie : L'imagerie vers la réalité augmentée

Pr Emmanuel Coche : Ğ Quand la technologie et l'imagerie médicale se rencontrent, les avancées médicales majeures ne sont jamais bien loin! À l'avenir, l'imagerie médicale va profiter des progrès réalisés pour les jeux vidéo afin de représenter l'imagerie du corps humain différemment. La réalité augmentée, les images 3D et l'impression 3D vont s'immiscer dans le monde médical pour une meilleure prise en charge du patient. Les médecins pourront visualiser en relief l'intérieur d'un corps humain, naviguer dedans, tout en se localisant par procédés GPS et grâce à des lunettes 3D. Les chirurgiens pourront ainsi mieux planifier leurs opérations en voyant sur ces images, par exemple, une tumeur cancéreuse, les rapports entre les différents organes, l'éventuelle invasion de voisinage, etc. Ces images en relief pourraient même être converties en organes grâce à l'impression 3D.ğ

Chirurgie anticancer (tête et cou) : Des traceurs qui guident le chirurgien

Dr Sandra Schmitz : Ğ Actuellement, l'une des principales difficultés en chirurgie oncologique de la tête et du cou est de définir avec précision les limites d'une tumeur maligne. Aujourd'hui, il arrive que des résidus microscopiques, invisibles à l'oeil nu, restent en place ou que les marges de résection (retrait chirurgical de la tumeur) soient trop proches de la tumeur. Dans quelques années, des traceurs fluorescents dans l'infrarouge et ciblant les tumeurs devraient pouvoir être appliqués à la chirurgie oncologique. Ces traceurs sont des substances introduites dans l'organisme afin de délimiter précisément une tumeur. Ils sont susceptibles de se fixer sur des récepteurs particuliers présents sur la membrane des cellules cancéreuses à identifier. Grâce à cette technique, le chirurgien pourra identifier les tout petits amas de cellules cancéreuses invisibles à l'oeil nu.ğ






La médecine progresse à pas de géant ! Nous avons demandé à sept médecins de Saint-Luc quelle serait, selon eux, l'avancée médicale majeure dans les années à venir dans leur spécialité. Le futur nous réserve bien des surprises...