Première belge : traiter une tumeur du pancréas sans recourir à la chirurgie

Publication date

septembre 2018

Première belge : traiter une tumeur du pancréas sans recourir à la chirurgie

En juin dernier, l'équipe du Service d'hépato-gastroentérologie des Cliniques universitaires Saint-Luc a traité une tumeur pancréatique par voie endoscopique via un système de radiofréquence. Utilisée pour la première fois en Belgique pour ce type de tumeur non cancéreuse, la technique a permis d'éviter le recours à une chirurgie lourde. Combinée à de la chimiothérapie, cette pratique pourrait ouvrir de nouvelles perspectives dans le traitement des tumeurs cancéreuses du pancréas.

Réaliser une intervention par radiofréquence pour éviter une chirurgie lourde : cette technique innovante vient d'être réalisée avec succès aux Cliniques universitaires Saint-Luc et pour la première fois en Belgique.

Détruire la tumeur grâce à la radiofréquence La technique consiste à utiliser une sonde de radiofréquence, guidée par échographie endoscopique. L'endoscope permet d'atteindre l'estomac, dans la zone située contre le pancréas, afin d'avoir une bonne visibilité des lésions pancréatiques. Une aiguille de radiofréquence est insérée dans la tumeur. Un ordinateur calcule ensuite l'énergie à administrer sur le dernier centimètre de l'aiguille, pour provoquer la destruction de la tumeur sur un volume d'à peu près 1 cm³, avec une grande précision. Ce processus est renouvelé jusqu'à la destruction complète (par hyperthermie) de la tumeur. En quelques minutes seulement, la tumeur est alors complètement ablatée. Cette technique a déjà fait ses preuves, notamment dans les tumeurs biliaires, du foie et du rein.

Le cas en question : une tumeur rare Le patient traité aux Cliniques Saint-Luc au mois de juin souffrait d'un insulinome de plus de 2 cm dans la tête du pancréas. Il s'agit d'une tumeur rare, dont les principaux symptômes sont des hypoglycémies parfois très sévères, nécessitant la prise de sucre quasi en continu et des hospitalisations régulières. Ce diagnostic a été établi par les médecins du Service d'endocrinologie et nutrition, grâce à la collaboration du Département des laboratoires cliniques.

Quelques minutes après l'intervention, le résultat était déjà visible avec une normalisation de ses glycémies ; le patient a d'ailleurs pu rentrer chez lui après 48 heures de surveillance. Sans ce traitement mini-invasif, le patient aurait dû subir une intervention chirurgicale lourde (duodénopancréatectomie céphalique ou opération de Whipple) dont le suivi post-opératoire n'est pas à négliger.
Cette technique peut s'étendre à toutes les tumeurs neuro-endocrines de petite taille, ainsi qu'aux lésions kystiques, fréquemment rencontrées dans le pancréas et dont certaines nécessitent actuellement la chirurgie.

Vers un traitement des tumeurs cancéreuses ?
Chaque année, plus de 1600 personnes sont diagnostiquées d'un cancer du pancréas en Belgique, et plus d'une centaine de patients sont pris en charge à Saint-Luc. Le pronostic de ce cancer n'est pas bon : seuls 15 à 20% des patients peuvent être opérés et l'espérance de vie reste très limitée. L'idée est désormais de participer à des études multicentriques afin de déterminer si, à moyen terme, ce type de traitement par radiofréquence pourrait être combiné à de la chimiothérapie afin de traiter également les lésions cancéreuses du pancréas.

Le Service d´hépato-gastroentérologie a traité une tumeur pancréatique par voie endoscopique via un système de radiofréquence. Utilisée pour la première fois en Belgique pour ce type de tumeur non cancéreuse, la technique a permis d´éviter le recours à une chirurgie lourde. Combinée à de la chimiothérapie, cette pratique pourrait ouvrir de nouvelles perspectives dans le traitement des tumeurs cancéreuses du pancréas.