L´hypertension artérielle, ce "tueur silencieux"

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L´hypertension artérielle, ce "tueur silencieux"

La Journée Mondiale de l'Hypertension Artérielle a lieu le 17 mai. L'occasion d'attirer l'attention sur la relation entre l'hypertension artérielle et le syndrome d'apnée du sommeil (SAS).
Diverses études ont démontré qu'environ 30 % des patients atteints d'hypertension artérielle souffrent également d'apnée du sommeil. Cependant, dans le cas de malades souffrant d'une tension artérielle difficile à traiter, le taux de patients atteint de SAS s'élève alors jusqu'à 90 % chez les hommes et 65 % chez les femmes. Outre la corrélation entre les deux maux, traiter l'apnée du sommeil permet une amélioration de la pression artérielle et ainsi une diminution du risque d'accident vasculaire cérébral. La Société Belge sur l'étude du sommeil et le Comité Belge de Lutte contre l'hypertension artérielle souhaitent tout deux sensibiliser patients et médecins à cette problématique et lancer un appel au dépistage.

L'hypertension : de quoi s'agit-il ?
Bien que le grand public se réfère au terme "tension", les médecins lui préfèrent le terme "pression". En effet, lors d'une contraction, le coeur éjecte le sang pour alimenter tous les organes en oxygène et nutriments, via les artères.
L'hypertension artérielle se caractérise par une mesure de pression artérielle dont les valeurs sont régulièrement égales ou supérieurs à 140/90 mmHg. Elle peut être confirmée par auto mesure de pression artérielle à domicile avec des pressions artérielles en moyenne au-delà ou égales à 135/85 mmHg. L'hypertension, à ses prémices, n'engendre pas toujours de symptômes et les complications s'avèrent rarement immédiates. Cette hypertension prédispose aux maladies cardiovasculaires et constitue l'une des premières causes de décès en Belgique, d'où son surnom de "tueur silencieux".
Dans les pays industrialisés, l'hypertension touche, selon les estimations, près de 20% de la population, soit environ 2 millions de personnes en Belgique. Sa fréquence augmente avec l'âge, on dénombre près de 60% des personnes âgées concernées. Pourtant, 1 patient hypertendu sur 2 n'est pas diagnostiqué comme tel, et seule la moitié des patients diagnostiqués sont traités et contrôlés. De par sa nature sournoise, la maladie évolue insidieusement. C'est pourquoi il est recommandé de faire régulièrement mesurer sa tension artérielle.

Le syndrome d'apnée du sommeil
Le SAS se caractérise par une somnolence diurne excessive non expliquée et par au moins deux des critères suivants : ronflements sévères et quotidiens, sensation d'étouffement pendant le sommeil, sommeil non réparateur, fatigue diurne, difficultés de concentration, nycturie fréquente (besoin systématique de se lever la nuit pour uriner). La confirmation du syndrome est donnée par la présence d'un enregistrement polygraphique (enregistrement de l'activité du cerveau durant le sommeil) d'apnées et d'hypopnées (diminution de l'amplitude respiratoire et donc de l'oxygène dans le sang), au moins 5 par heure de sommeil, avec, en conséquence, un stress pour l'organisme qui réagit en tentant de réveiller le patient en libérant des hormones qui parallèlement contractent les vaisseaux et génèrent une élévation de la pression artérielle.

Prévalence et conséquences
Dans la majorité des cas, l'hypertension est dite "essentielle", ce qui signifie que sa cause n'est pas connue. Elle résulte généralement de l'interaction de facteurs génétiques et environnementaux tels que la prise de poids, la sédentarité, l'excès de sel, le stress. C'est principalement dans l'hypertension artérielle résistante qu'on identifie le SAS, retrouvé dans deux tiers des cas diagnostiqués.

La présence d'hypertension artérielle dans le SAS accentue les risques pour le patient. En provoquant une absence de chute de pression artérielle la nuit et en exposant ainsi le coeur à une charge tensionnelle pendant les 24 heures, elle favorise l'apparition d'une hypertrophie cardiaque (épaississement de la paroi du coeur). Cela a pour conséquence de favoriser les troubles du rythme, d'augmenter le risque de mort subite et de décompensation cardiaque. Le cerveau subit lui aussi cette charge en pression permanente et se retrouve exposé à des risques d'accident vasculaire ainsi qu'à des micro-infarctus silencieux.

Dépistage et traitement
La détection de l'hypertension s'effectue par la mesure de la pression artérielle, tandis que celle des apnées du sommeil s'effectue par une étude du sommeil après identification des patients à risque. Les prédicteurs de l'apnée du sommeil sont le sexe masculin, (le syndrome étant deux fois plus fréquent chez les hommes), un âge supérieur à 50 ans, et une obésité surtout abdominale, chez des sujets qui ont un cou large et qui ronflent. Le dépistage du SAS chez l'hypertendu se fera par la présence à l'interrogatoire de ronflements, voire de pauses respiratoires nocturnes, d'un sommeil non réparateur et d'une somnolence diurne facile. L'intérêt du dépistage de l'apnée du sommeil dans le contexte d'une hypertension artérielle sévère et résistante est de proposer une approche corrigeant les apnées et leurs répercussions sur les organes cibles.

L'hypertension artérielle et l'apnée du sommeil se traitent toutes deux. Dans le cas de l'apnée du sommeil, le traitement impose une certaine hygiène de vie : maigrir, dormir sur le côté et éviter la prise de tranquillisants et d'alcool le soir. Il est également possible de recourir à un traitement chirurgical : chirurgie du voile du palais, chirurgie maxillo-faciale ou peut-être encore plus souvent à une orthèse d'avancée mandibulaire. La modalité la plus connue de traitement des apnées du sommeil est toutefois l''utilisation d'un appareil assurant une ventilation en Pression Positive Continue par voie nasale pendant le sommeil (PPCn). Dans le cas des médicaments antihypertenseurs, les bêtabloquants sont particulièrement intéressants, notamment administrés le soir.

L'importance d'un contrôle régulier
En tant que facteur indépendant d'hypertension artérielle, le SAS se doit d'être systématiquement recherché, en tout cas dans l'hypertension résistante. Il expose le patient à un risque cardiovasculaire très sérieux, sans compter le risque d'accident de la voie publique en cas d'endormissement lors d'une activité monotone. Dépister l'hypertension par la mesure de la pression artérielle et penser au SAS, notamment dans les formes sévères ou résistantes d'hypertension ne peut être que bénéfique pour le patient.

[Source : communiqué de la Société Belge sur l'étude du sommeil et le Comité Belge de Lutte contre l'hypertension artérielle]

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