Epilepsie : quand les neurones s'emballent !

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Epilepsie : quand les neurones s'emballent !

L'épilepsie touche sur une personne sur 200, ce qui en fait la maladie neurologique la plus fréquente dans la population. Pourtant, elle reste mal connue du grand public qui, bien souvent, en a une image stéréotypée...

Pour comprendre ce qu'est l'épilepsie, il faut d'abord rappeler qu'il y a une activité électrique permanente dans notre cerveau. En effet, si nos neurones(*) communiquent entre eux via des messagers chimiques, l'information circule d'un bout à l'autre d'un même neurone par l'intermédiaire d'un influx électrique. ĞCe qu'on appelle une crise d'épilepsie résulte d'une production anormale et excessive de signaux électriques au sein d'un groupe plus ou moins important de neuronesğ, explique le Dr Riëm El Tahry, épileptologue à Saint-Luc. Un phénomène loin d'être rare...

Quand l'épilepsie devient une maladie
Environ une personne sur dix fera une seule crise d'épilepsie au cours de sa vie... sans pourtant être considérée comme épileptique! Les crises d'épilepsie peuvent être la conséquence d'une lésion cérébrale (tumeur cérébrale) ou une séquelle d'accident vasculaire cérébral, elles peuvent être d'origine génétique ou sans cause connue. Mais dans tous les cas, il faut au moins deux crises, avec ou sans lésion cérébrale sous jacente, pour parler d'épilepsie en tant que maladie.

Des symptômes variés... et parfois étranges!
Dans l'imaginaire collectif, les crises d'épilepsie se traduisent par d'impressionnantes convulsions où l'épileptique, yeux révulsés, perd connaissance. Ce sont les crises tonico-cloniques(**) dont souffrent de nombreux patients atteints d'épilepsie généralisée (voir ci-dessous).
Mais il existe plusieurs types d'épilepsie et les crises peuvent se manifester de bien des manières, dont certaines sont franchement curieuses! Dans les épilepsies focales, les symptômes dépendent en effet de l'endroit où se situe le foyer épileptique, la zone où prend naissance la crise, et de la fonction des neurones qui s'y trouvent.
Ce qui, selon les cas, donne lieu à:
o des symptômes moteurs: secousses rythmées dans un bras, une jambe, voire la moitié du corps sans perte de connaissance;
o des symptômes sensitifs : picotements, sensation de brûlure... dont la localisation dépend de la zone du cerveau touchée;
o des symptômes sensoriels: hallucinations visuelles, auditives (sons), olfactives (odeurs), ou gustatives (goût). ĞUne de mes patientes sent des odeurs de son enfance lorsqu'elle fait une crise!ğ, raconte le Dr El Tahry; des symptômes autonomiques: lourdeur gastrique, pâleur, transpiration abondante, etc.;
o des symptômes psychiques: angoisse, euphorie, impression de Ğdéjà vuğ, etc.
Tous ces symptômes durent généralement quelques dizaines de secondes.

L'importance de l'aura
ĞIl est essentiel de repérer et de décrire au médecin l'aura, le premier symptôme ressentiğ, explique le Dr El Tahry. ĞIl nous permet de déterminer dans quelle zone du cerveau se trouve le foyer épileptique. Par exemple, une aura épigastrique (sensations nauséeuses, lourdeur et/ou brûlure d'estomac) ou une sensation de rêve ou de "déjà vu" indiquent que le foyer épileptique se situe probablement dans la région temporale.ğ C'est d'autant plus important à savoir que cela peut avoir des conséquences thérapeutiques.

On distingue deux grandes familles d'épilepsie.

o L'épilepsie focale prend naissance dans une zone localisée du cerveau que l'on nomme foyer épileptique. > Si l'épileptique reste conscient, on parle d'épilepsie focale simple. > Si la conscience est altérée avec des comportements anormaux, par exemple, on parle d'épilepsie focale (ou partielle) complexe(***). La personne ne s'évanouit pas, mais n'a pas conscience qu'elle fait une crise et n'en garde aucun souvenir.

o L'épilepsie généralisée touche l'intégralité du cortex cérébral. C'est-à-dire que l'activité électrique anormale affecte les deux hémisphères du cerveau, soit d'emblée, soit à partir d'une crise focale. L'épilepsie généralisée entraîne d'office une perte de connaissance.
> Si la perte de connaissance est suivie de convulsions, il s'agit d'une crise tonico-clonique.
> Chez les enfants, des pertes de connaissance très brèves, parfois nombreuses, sans chute ni convulsions, sont caractéristiques de l'épilepsie-absence, une autre forme d'épilepsie généralisée.

L'épilepsie à Saint-Luc, c'est :
o un centre de référence pour l'épilepsie réfractaire,
o 5 épileptologues et une équipe médicale multidisciplinaire composée de neurochirurgiens, neurologue, neuropédiatre, neuropsychologue, psychiatre, spécialistes en imagerie médicale, etc.,
o environ 150 électroencéphalogrammes (EEG) par an,
o 1.000 à 1.200 patients suivis par an, dont 150 à 200 nouveaux cas chaque année.


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(*) Les neurones sont les cellules de notre cerveau.
(**) La crise commence par un raidissement généralisé, suivi de convulsions. Mais les patients peuvent n'avoir que les convulsions (crise clonique) ou que le raidissement (crise tonique).
(***) La perte de conscience ne doit pas être confondue avec une perte de connaissance, c'est-à-dire un évanouissement!

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Article rédigé par Candice Leblanc, Extrait du Saint-Luc Magazine n°34 (juin - juillet - août 2015)

L'épilepsie touche sur une personne sur 200, ce qui en fait la maladie neurologique la plus fréquente dans la population. Pourtant, elle reste mal connue du grand public qui, bien souvent, en a une image stéréotypée...