Grand angle sur ´l'oeil´ de l'hôpital

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Grand angle sur "l'oeil" de l'hôpital

Depuis dix-sept ans, Hugues Depasse, le photographe de Saint-Luc, capture les mille et une facettes de la vie à l'hôpital. Il contribue ainsi, cliché après cliché, à faire avancer l'image de la médecine et de l'hôpital.

Pour une fois, Hugues Depasse se retrouve non pas derrière, mais devant l'objectif, le temps de notre reportage. Un échange de rôles auquel il se prête de bonne grâce. D'emblée, une question nous taraude: comment devient-on photographe hospitalier ? Ğ Par un heureux hasard !ğ, répond-il en souriant. Ğ Après des études de photographie et une brève incursion dans le monde de la publicité, j'ai cherché à me réorienter. C'est une petite annonce qui m'a amené à Saint- Luc.ğ Nous sommes en 1999. L'essentiel de son travail consiste alors à réaliser des clichés médicaux, à la demande du personnel soignant. Ğ Les médecins ont régulièrement besoin des services d'un photographe ğ, explique-t-il. ĞIl peut s'agir de prendre un patient en photo pour son dossier médical, de réaliser des clichés avant, pendant et après une opération ou de documenter une recherche universitaire sur telle ou telle pathologie (plaie, tumeur, etc.).ğ

Saisir l'image au vol
En milieu hospitalier, on dispose de très peu de temps : pas question d'organiser un shooting de trois heures au beau milieu d'une opération ! Il faut donc obtenir la bonne photo en un minimum de prises. C'est là que le photographe intervient: Ğ C'est un défi permanent, car tout doit aller très vite. Chaque Service a son fonctionnement et son rythme.ğ Il faut alors capter au vol ce que souhaite l'équipe, afin d'obtenir rapidement une photo pertinente et de bonne qualité! Ğ Il faut être très collaboratif: montrer les clichés pris aux interlocuteurs, les modifier, les recommencer autant de fois que nécessaire. N'oublions pas que la photo doit être au service du travail de l'équipe médicale.ğ Sans oublier, bien entendu, le côté humain: Ğ Cette cicatrice ou ce visage que l'on photographie, il appartient à quelqu'un! Malgré le côté rapide, le respect du patient n'est jamais mis à mal. Nous veillons toujours à ce que la personne soit bien informée, qu'elle comprenne pourquoi on la photographie ğ. En effet, il est important de respecter la dignité, la vie privée et le droit à l'image de chacun.

Un métier en (r)évolution constante
Naturellement, en dix-sept ans, les besoins en images de l'hôpital ont considérablement évolué. Ğ En 1999, je faisais des photos en argentique ğ, se souvient-il. Ğ Je passais des heures en chambre noire à développer mes photos. Aujourd'hui, la photographie permet de travailler plus rapidement et de répondre à de nouvelles demandes. Par exemple, nous avons récemment réalisé une visite virtuelle à 360° du Quartier opératoire, afin de familiariser le patient avec cet environnement avant même qu'il n'y rentre.ğ Les médecins se sont aussi équipés en matériel audiovisuel et sont devenus plus autonomes, même si nombre d'entre eux continuent de faire appel au photographe, par habitude, par souci d'efficacité et de professionnalisme. Ğ Alors que je faisais essentiellement des images purement scientifiques au début de ma carrière, au fil du temps, mes missions se sont diversifiées: portraits du personnel, illustrations pour nos brochures et publications, reportages sur divers événements internes et externes, etc. Il y a parfois des missions insolites, comme la "visite" récente des momies égyptiennes du Cinquantenaire au Service de radiologie de Saint-Luc !ğ
Une évolution permanente qui donne le sentiment au photographe de se réinventer en permanence et, surtout, de ne jamais s'ennuyer. Ğ Saint-Luc, c'est 5.000 employés, et une foule de métiers différents. C'est presque une petite ville ! On n'en a jamais vraiment fait le tour.ğ Pas même au bout de dix-sept ans d'images...

Son meilleur souvenir
Ğ Je garde un vif souvenir de l'exposition consacrée à la trisomie 21 réalisée en juin dernier, à l'initiative de la consultation ConsTriDel (voir SLM n°30) et de l'ASBL APEM-T21. Le but était, bien entendu, d'amener un autre regard, joyeux et positif, sur cette maladie et d'aider les associations dans leur travail de sensibilisation. J'ai réalisé une série de portraits mettant en scène nos jeunes patients trisomiques. Cela a été un ensemble de très jolis moments, pleins d'émotion.ğ L'exposition Ğ Au-delà de la différence ğ a d'ailleurs fait un beau bout de chemin: 24 arrêts dont le Sénat, le Parlement européen et, bientôt, la gare de Bruxelles-Midi !

Bon à savoir

Outre les photos de documentation médicale, Hugues Depasse collabore aussi à plusieurs publications de Saint-Luc: le magazine interne, la lettre d'informations électronique, les Échos de la Fondation Saint-Luc et le Saint-Luc Magazine pour lequel il réalise presque tous les reportages photo ! Le photographe travaille aussi ponctuellement à l'extérieur avec les partenaires des Cliniques : le CHN William Lennox, le CHR Mons-Hainaut, etc.