Radiothérapie sous... apnée !
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En raison des mouvements liés à la respiration, les cancers situés dans la région thoracique ou abdominale supérieure peuvent s’avérer plus complexes pour un traitement de radiothérapie. Afin de répondre à cette problématique, le Service de radiothérapie de Saint-Luc a développé, grâce à la ventilation mécanique non-invasive, une technique innovante permettant de mettre le patient en apnée prolongée et répétée durant les séances de radiothérapie sans devoir recourir à une anesthésie. Améliorant sensiblement la précision des prises en charge tout en réduisant leurs effets toxiques, cette procédure inédite en clinique au niveau mondial offre d’importantes perspectives. Plus de 25 patients en ont déjà bénéficié à Saint-Luc.
Dans le cadre de la prise en charge de leur cancer, de nombreux patients sont amenés à suivre des traitements de radiothérapie. Traditionnellement, un scanner et/ou une IRM réalisés au préalable permettent de déterminer le plus précisément possible la zone à irradier et les zones à protéger. Avant chaque séance la de radiothérapie, la position de la tumeur est systématiquement vérifiée et éventuellement corrigée pour garantir l’irradiation correcte de la zone cible.
Cette prise en charge peut toutefois s’avérer problématique pour les cancers de l’abdomen supérieur et du thorax (sein, poumon, foie, pancréas). Pour ces cancers, le mouvement respiratoire des patients diminue la qualité des images obtenues, rend plus difficile la reconnaissance de la zone à irradier et, par extension, altère la précision des traitements. Les radiothérapeutes se voient dès lors obligés de traiter une zone plus importante pour garantir le ciblage de la zone à irradier malgré les mouvements respiratoires, avec des risques d’effets secondaires plus élevés.
Afin de répondre à cette problématique, l’équipe du Service de radiothérapie de Saint-Luc a développé il y a plusieurs mois une méthode innovante et unique au monde : la ventilation mécanique non-invasive. Plus de 25 patients en ont bénéficié à ce jour.
Mettre le patient en… apnée !
Concrètement, la ventilation mécanique non-invasive consiste à induire des apnées répétées pendant toute la durée de l’irradiation. Chaque apnée dure 30 secondes afin d’immobiliser la zone à irradier. Durant toute la séance, le patient reçoit de l’oxygène via un masque de ventilation, ce qui permet de reproduire à l’identique les apnées, garantissant la délivrance du traitement sur la zone cible. Le patient enchaine alors plusieurs apnées de 30 secondes. Le fait d’être ventilé rend l’exercice des apnées confortable et à la portée de chacun.
Avant le traitement, le patient est convié à une séance préparatoire encadrée par un kinésithérapeute pour s’entraîner avec la machine de ventilation. C’est l’occasion de paramétrer sur mesure le dispositif, en fonction de la propre respiration de la personne.
De multiple avantages et des perspectives importantes
Grâce à l’immobilité des patients durant leurs apnées, les images obtenues sont nettes et de meilleure qualité, augmentant in fine la précision de la zone à irradier. Cela permet de réduire les marges de sécurité nécessaires à la précision du traitement et d’améliorer la préservation des tissus sains. Les risques d’effets secondaires se voient dès lors sensiblement réduits. En outre, les patients participent activement à leur prise en charge, tout en restant confortables et dans un environnement sécurisé, ce qui favorise leur adhésion aux soins.
Technique encore avant-gardiste, la ventilation a bénéficié d’un premier symposium à Amsterdam en mars 2024 avec des radiothérapeutes et soignants en radiothérapie issus de différents pays. Plusieurs projets de recherche sont menés à Saint-Luc afin d’améliorer encore cette technique et de pousser plus loin ses perspectives d’utilisation, notamment dans le contexte de la radiothérapie adaptative.