Épilepsie réfractaire : des implants fonctionnant à… la lumière !
Près d’un tiers des patients épileptiques sont dits « réfractaires » et nécessitent la résection chirurgicale de la zone du cerveau responsable des crises. Quand cette dernière n’est pas possible, les patients doivent se tourner vers d’autres prises en charge comme la neurostimulation. Le 6 septembre dernier, les Cliniques universitaires Saint-Luc et l’UZ Gent ont réalisé l’implantation chez deux patients d’un nouveau système de neurostimulation, « NAO.VNS », s’appuyant sur la technologie optoélectronique. Le système a été mis au point par la firme Synergia Medical, leader dans le développement de dispositifs médicaux optoélectroniques, dans le cadre de l'étude AURORA. Deux semaines après l'intervention, les deux patients se sont complètement rétablis et ont entamé leur neurostimulation. Cette première mondiale ouvre d’importantes perspectives.
Maladie neurologique chronique, l’épilepsie entraine un impact psycho-médico-social majeur. Pour 30% des patients, les crises se poursuivent malgré la prise d’au moins 2 médicaments. Ils sont dits « réfractaires » et nécessitent une prise en charge neurochirurgicale consistant à enlever la zone du cerveau responsable des crises.
Toutefois, lorsque la zone n’a pu être localisée, est trop étendue ou se situe dans un endroit du cerveau lié à une fonction primaire (le langage par exemple), l’opération n’est pas envisageable et le patient est réorienté vers la neurostimulation telle que la stimulation du nerf vague (VNS). Malheureusement, les réponses à la VNS restent imprévisibles et très variables. Aussi, la recherche est particulièrement active pour améliorer l’efficacité de ce traitement. C’est notamment le cas de l’étude AURORA qui évalue le système de neurostimulation « NAO.VNS » développé par la firme Synergia Medical, leader dans le développement de dispositifs médicaux optoélectroniques.
Le 6 septembre dernier, pour la première fois au monde, deux implantations de ce système ont été réalisées avec succès aux Cliniques universitaires Saint-Luc et à l’UZ Gent, respectivement par le Dr Herbert Rooijakkers et le Dr Frank Dewaele. Ces interventions constituent une étape importante pour l’étude AURORA.
« Nous sommes ravis de participer à cette révolution optique dans le domaine de la neurostimulation », ont déclaré les deux chirurgiens responsables des opérations dans les deux institutions. « Cette technologie va transformer la prise en charge de l'épilepsie mais aussi des autres troubles neurologiques. Elle offre un véritable espoir aux patients qui ne répondent pas aux traitements traditionnels. »
Un système basé sur la lumière
Le système « NAO.VNS » est unique au monde de par son utilisation de la lumière. Il se base en effet sur la technologie optoélectronique (étude et application des dispositifs émetteurs et récepteurs de lumière). L’implant développé minimise l'utilisation de composants métalliques et privilégie des matériaux innovants tels que le quartz, les fibres optiques polymères et les cellules photovoltaïques miniaturisées. Ces matériaux permettent au dispositif d’activer la neurostimulation par la lumière et offrent de nombreux avantages : durée de vie prolongée de la batterie avec un système de recharge ultra-rapide, cybersécurité améliorée grâce à la communication optique et surtout une meilleure compatibilité avec les examens IRM. Les implants traditionnels compliquaient considérablement la réalisation de tels examens d’imagerie médicale et handicapaient le parcours médical des patients.
Les Prs Kristl Vonck et Riëm El Tahry, chercheurs principaux à l’UZ Gent et aux Cliniques Saint-Luc, soulignent l'importance de la compatibilité du nouveau système avec les examens IRM : « Dans les soins de santé, l’accès aux examens IRM est tout bonnement essentiel. Ce dispositif garantit désormais cet accès à tous nos patients implantés », se réjouit le Pr Vonck. Le Pr El Tahry surenchérit : « Pouvoir s’appuyer sur l’imagerie IRM nous permettra en outre de personnaliser et d'améliorer plus encore nos procédures de neurostimulation. »
Perspectives de l’optéoélectronique
« Ces premières implantations réussies marquent une avancée majeure pour les patients souffrant d'épilepsie réfractaire », se réjouit Attila Borbáth, PDG et cofondateur de Synergia Medical. « Le rétablissement des premiers patients et le début de leur thérapie de stimulation démontrent l’efficacité du système NAO.VNS. »
Dans les deux prochaines années, l'étude AURORA continuera à surveiller la sécurité du système NAO.VNS. Par la suite, Synergia Medical prévoit de lancer d’autres recherches en Europe, aux États-Unis et au Canada pour évaluer l'efficacité du système sur une plus large population de patients.
La technologie optoélectronique ouvre la voie au développement de futures thérapies basées sur la lumière. Ces dernières pourraient être plus précises et moins invasives pour les patients.