De l’espoir pour les malformations vasculaires
Considérées comme des maladies rares, les malformations vasculaires et/ou lymphatiques impactent grandement la vie des personnes atteintes et nécessitent des prises en charge très spécifiques. Le Centre de référence des malformations vasculaires de Saint-Luc vient de coordonner une recherche consacrée à l’analyse d’un traitement susceptible d’améliorer la qualité de vie de ces patients. Les résultats, publiés dans la revue JCI Insight, constitue un nouveau pas dans la prise en charge de ces lésions.
Les malformations veineuses et lymphatiques sont des malformations vasculaires dites à bas-débit. Il s’agit plus précisément de lésions composées de veines ou de vaisseaux lymphatiques anormaux qui peuvent toucher les organes, les os, les articulations, les muscles, etc. Les patients atteints souffrent de déformations, de douleurs importantes, d’impotences fonctionnelles, de faiblesses musculaires et/ou de saignements. Leur qualité de vie en est considérablement dégradée. En outre, comme les symptômes apparaissent généralement vers la puberté et qu’il s’agit de maladies rares, le diagnostic n’est pas évident à poser.
Le Centre des malformations vasculaires des Cliniques universitaires Saint-Luc vient de diriger une étude européenne multicentrique de phase 3 pour mesurer l’efficacité et la sécurité du Sirolimus, un médicament ayant des propriétés intéressantes dans le traitement des malformations vasculaires à bas-débit. Cette recherche s’est appuyée sur les travaux réalisés par le laboratoire de génétique moléculaire humaine de l’Institut de Duve à l’UCLouvain et du WEL Research Institute. Les résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue JCI Insight.
250 patients suivis pendant deux ans
Rassemblant plusieurs centres de référence de France, Norvège et de Belgique (Cliniques Saint-Luc), l’étude a réuni 250 patients atteints de malformations veineuses et lymphatiques et traités par Sirolimus pendant deux ans. Présentant peu d’effets secondaires, ce médicament présente l’avantage d’être non-invasif et peu onéreux. Le traitement des patients a été arrêté pendant deux ans afin d’observer plus concrètement les effets du Sirolimus (retour de symptômes, différences entre patients en fonction des gènes, etc.). Les patients étaient régulièrement suivis dans leur centre respectif.
Résultats ? Le Sirolimus a entraîné une amélioration clinique chez 85% des patients, et ce dès les premiers mois pour la majorité d'entre eux. Si 50% ont ressenti à nouveau des douleurs après l’arrêt du traitement, une faible proportion a estimé que cela nécessitait une reprise du médicament. Leur qualité de vie s’est sensiblement améliorée (de 20 à 80%) et le Sirolimus a augmenté la faisabilité de chirurgie ou de sclérothérapie chez certains patients initialement jugés inaptes à l'intervention.
Autre observation importante : des différences notables apparaissent en fonction du gène concerné. Les malformations veineuses liées au gène PIK3CA semblent répondre plus vite au médicament mais ont tendance à récidiver plus rapidement. Les cas associés à l’autre gène (TIE2) mettent plus de temps à répondre mais les effets positifs se poursuivent plus durablement après l’arrêt du Sirolimus.
Si la recherche a bien mis en évidence l’efficacité de ce traitement, il reste encore de nombreuses pistes d’amélioration avec la mise au point d’une posologie de plus en plus personnalisée au patient et ses caractéristiques propres. Une recherche en cours aux Cliniques Saint-Luc analyse ce type de traitement adapté sur une vingtaine de patients.
Une consultation multidisciplinaire
Les spécialistes du Centre des malformations vasculaires des Cliniques universitaires Saint-Luc collaborent depuis plusieurs années avec leurs collègues oncologues, notamment dans le cadre de la prescription du Sirolimus, médicament initialement employé dans les traitements contre le cancer. Des consultations conjointes sont organisées avec deux spécialistes aux expertises complémentaires (la maladie et ses conséquences ; le médicament et ses effets) pour toujours mieux encadrer les patients.