COVID-19 : quelles séquelles respiratoires à long terme et comment y remédier ?
S’il est établi que les formes sévères de COVID-19 exposent les patients à des séquelles respiratoires, le nombre de patients concernés reste cependant difficile à évaluer et les solutions pour les aider manquent. Deux études coordonnées par le Service de pneumologie de Saint-Luc et par l’UCLouvain apportent un éclairage sur ces questions.
La pandémie de COVID-19 a entrainé un nombre considérable d’hospitalisations, aussi bien dans les services généraux que dans les unités de Soins intensifs pour les patients atteints sévèrement. Comme ces derniers souffraient généralement d’une pneumonie sévère, des séquelles respiratoires à long terme pourraient malheureusement être à craindre.
Le Service de pneumologie des Cliniques universitaires Saint-Luc a coordonné une étude prospective afin d’évaluer précisément la proportion de patients souffrant de symptômes respiratoires persistants ou d’anomalies au niveau de la fonction pulmonaire. Une seconde étude, fruit d’une collaboration entre le Service de pneumologie, les infectiologues et le secteur de kinésithérapie, a évalué l’état physique des patients hospitalisés à leur sortie de l’hôpital et après trois mois ainsi que l’effet d’une revalidation à distance (confinement oblige) sur les symptômes respiratoires à long terme.
Les séquelles du COVID-19
La première étude prospective a inclus 134 patients COVID-19 admis aux Cliniques Saint-Luc entre le 10 mars et le 30 juin 2020 et ayant bénéficié d’un suivi à trois mois de leur hospitalisation. Ce suivi comprenait une évaluation clinique, des tests de la fonction respiratoire et un scanner des poumons. Toutes ces données ont été analysées de manière à identifier les éventuels facteurs associés aux lésions résiduelles visibles par scanner et à la perte de fonction respiratoire.
Résultats ? 25% des patients souffraient de dyspnée (difficultés respiratoires), 35% de fatigue, 45% ont vu leur capacité pulmonaire diminuée, 17% présentaient des anomalies au niveau de leur parenchyme pulmonaire (tissu fonctionnel du poumon) et des signes de fibrose (cicatrices au niveau des poumons) ont été retrouvés pour 21% des patients.
Autre observation notable, le nombre de jours passés en unités de soins intensifs et le fait d’avoir été intubé sont directement liés à l’étendue des lésions persistantes. En revanche, la persistance des symptômes (« COVID long ») n’est pas bien corrélée à l’étendue des séquelles au scanner et/ou à la perte de fonction respiratoire.
L’importance du suivi après phase aigüe
A leur sortie d’hospitalisation, 48 patients ont accepté de participer à la seconde étude prospective qui a évalué un programme de rééducation à distance (par téléconsultation), possibilité thérapeutique qui n’était pas disponible pour les kinésithérapeutes jusqu’à l’apparition de la pandémie en Belgique. En comparaison avec les autres patients, les patients qui ont bénéficié de ce programme avaient une récupération nettement améliorée. Ces résultats renforcent la place du réentrainement à l’effort comme traitement de choix des symptômes à long terme du COVID-19.
Les études ont été réalisées sous la supervision du Pr Antoine Froidure et du Pr Gregory Reychler, en étroite collaboration avec les services de pneumologie, médecine interne, radiologie et kinésithérapie des Cliniques universitaires Saint-Luc et de l’Institut de Recherche Expérimentale et Clinique, UCLouvain.
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