COVID-19 : gérer efficacement la moitié des urgences dentaires à distance

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Dès le premier confinement, la question de la continuité des soins dentaires s’est posée. Afin de mesurer l’intérêt de prendre en charge certaines urgences dentaires par téléphone, le Service de dentisterie des Cliniques universitaires Saint-Luc a lancé une étude incluant plus de 500 patients. Les résultats présentent des perspectives importantes pour réduire la concentration de personnes dans les centres de soins ainsi que sur la réflexion concernant la poursuite des soins non-vitaux, en médecine dentaire et dans d’autres spécialités.

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Considérés comme non-vitaux, les soins dentaires ont été questionnés dès le début de la crise COVID-19 dans notre pays. Ils présentaient en effet trois facteurs de risque : la zone buccale qui expose autant les patients que les praticiens ; les aérosols générés par certains soins ; la pression importante de consultation en urgence vu les niveaux de douleurs particulièrement élevés.

Dans l’idée de limiter la concentration de patients et de facto les risques d’expositions à la COVID-19, le Service de médecine dentaire des Cliniques universitaires Saint-Luc a initié une nouvelle stratégie de prise en charge des urgences dentaires via tri téléphonique. Se basant sur un arbre décisionnel très précis, le praticien réalise une anamnèse par téléphone et décide de l’admission de la personne ou de poursuivre la prise en charge en ligne.

Afin de mesurer précisément les effets de cette stratégie, une recherche d’évaluation prospective a été réalisée en incluant plus de 500 patients ayant souhaité une consultation en urgence avec un degré de douleur important (d’une moyenne de 6 sur une échelle de 1 à 10). Les résultats ont été publiés dans le Journal of Dental Research, le journal le plus prestigieux en recherche dentaire.

Un patient sur deux pris en charge à distance

L’étude a séparé les patients en deux groupes distincts : les personnes admises en urgences et les autres dont la consultation s’est déroulée à distance. Pour mesurer l’efficacité de la prise en charge, les patients des deux groupes étaient contactés par téléphone une semaine et un mois après la consultation.

Résultats ? Près de 50 % des patients ont pu être pris en charge entièrement à distance et de manière efficace. Lors des contacts réalisés une semaine et un mois plus tard, les personnes se disaient toujours satisfaites des soins reçus. Le pourcentage de succès a également été mesuré via les taux de réadmissions après la consultation : 10% à peine pour les patients traités en présentiel et 30% pour ceux gérés à distance. L’étude indique enfin la portion de patients positifs à la COVID-19 : à peine 1% dans les deux groupes, ce qui démontre que les procédures mises en place aux Cliniques Saint-Luc étaient suffisantes pour éviter les risques de contamination.

Un modèle pour d’autres soins non-urgents ?

Les résultats de cette étude présentent des perspectives considérables. Elle apporte en effet des données objectives dans le cadre de la pandémie ainsi que des pistes de réflexion pour éviter les concentrations de patients dans les centres dentaires. Ces réflexions pourraient se prolonger dans d’autres spécialités pour des soins considérés comme « non-vitaux », la continuité des soins constituant l’un des dégâts collatéraux de la COVID-19.

Consulter l'article du Journal of Dental Research