Cardiologie pédiatrique : atteindre le coeur par… le foie !
En avril dernier, une fille de 14 ans atteinte d’une cardiopathie congénitale a été prise en charge en électrophysiologie aux Cliniques Saint-Luc. Alors que cette malformation cardiaque associait une malposition de son coeur et une interruption de la veine normalement utilisée pour ce type de procédure, l’équipe interventionniste a emprunté une voie d’abord rarement utilisée pour amener les cathéters au sein du coeur… le foie ! Désormais guérie, la patiente poursuit sa convalescence à domicile et peut reprendre une vie normale. Une opération exceptionnelle qui ouvre des perspectives pour ces patients atteints de telles malformations cardiaques.
Le 25 avril dernier, une procédure cardiologique exceptionnelle s’est déroulée au sein des Cliniques universitaires Saint-Luc pour une patiente de 14 ans. Atteinte d’une malformation cardiaque associant une dextrocardie (coeur situé à droite dans le thorax) une absence de veine cave inférieure (la veine qui permet de ramener le sang de la partie inférieure du corps vers le coeur) ainsi qu’une malformation des valves entre les oreillettes et les ventricules, cette patiente avait déjà été opérée dans la petite enfance.
Plus récemment, elle a présenté des épisodes fréquents de tachycardie résistant aux traitements pharmacologiques habituels. La fréquence des arythmies, la nécessité d’une prise quotidienne de médicaments et le risque de lésions, à long-terme, sur son coeur a poussé l’équipe à effectuer une procédure électrophysiologique qui a pour but d’éliminer le foyer d’arythmie. Etant donné la complexité de la malformation cardiaque, la voie d’abord habituelle, via la veine fémorale, n’était pas utilisable. L’équipe a donc envisagé une procédure complètement originale.
Passer par le foie…
Comme la voie classique (la veine cave inférieure) était inenvisageable, les spécialistes ont décidé d’emprunter une voie d’abord alternative pour accéder au coeur de l’enfant. Via une ponction à travers le foie, ils ont emprunté la veine sus-hépatique, une veine directement connectée au coeur. Si quelques cas ont déjà été décrits dans la littérature scientifique chez les adultes, cette procédure n’avait jamais été réalisée à cet escient chez un enfant.
Réalisée sous anesthésie générale et guidée par échographie, l’intervention s’est déroulée en à peine deux heures, permettant de traiter efficacement la jeune fille. De retour chez elle le lendemain de l’intervention, la patiente a pu rapidement reprendre ses activités habituelles.
Un travail multidisciplinaire
Cette procédure exceptionnelle a mobilisé l’expertise de plusieurs spécialités : cardiologue rythmologue (Pr Christophe Scavée), cardio-pédiatre spécialisé en rythmologie (Dr Christophe Vô) et radiologue interventionnel (Pr Frank Hammer) et anesthésiste cardiaque pédiatrique (Dr David Kahn), ainsi qu’une équipe d’infirmiers et technologues dévoués. Elle ouvre des perspectives importantes pour la prise en charge d’arythmie chez des enfants atteints de telles malformations cardiaques.
