Cap sur les îlots de Langerhans

Date de publication

En constante augmentation, le diabète de type 1 constitue un véritable problème de santé publique. Si la transplantation de pancréas demeure le meilleur traitement pour restaurer la production d’insuline, elle fait face aux problématiques de compatibilité des greffons et de pénurie des organes. Pour surmonter ces écueils et proposer une alternative aux nombreux patients diabétiques, les Cliniques Saint-Luc ont relancé l’activité de transplantation d’îlots de Langerhans, en s’appuyant sur l’expertise de son Centre de thérapie tissulaire et cellulaire.

Entrainant l’autodestruction des cellules qui produisent l’insuline, le diabète de type 1 impacte considérablement la vie des personnes atteintes. Cette pathologie est en constante augmentation et représente près de 10% de l’ensemble des diabètes. Actuellement, les traitements consistent à injecter de l’insuline exogène ou à recourir à la transplantation d’un pancréas vascularisé. Si cette deuxième option permet de restaurer efficacement la production d’insuline, elle reste un acte chirurgical extrêmement lourd et fait face à des problématiques de disponibilité des organes et de compatibilité des greffons. Le nombre de greffes réalisées chaque année dans notre pays s’avère trop réduit pour répondre au nombre de diabétiques de type 1 (*). 

Pour contourner ces difficultés, les Cliniques Saint-Luc ont décidé de développer une autre option thérapeutique, autorisée depuis fin 2022 par l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) : la transplantation d’îlots de Langerhans. Saint-Luc s’appuie sur l’expertise de son Centre de thérapie tissulaire et cellulaire ainsi que de la banque de cellules endocrines. Cette procédure peut se révéler très intéressante pour stabiliser le diabète de certains patients.

Le 2 octobre dernier, une première transplantation d’îlots de Langerhans a été réalisée à Saint-Luc. Après 9 jours d’hospitalisation, la patiente, âgée de 49 ans, a pu regagner son domicile et poursuivre sa convalescence. 

(*) À peine 14 greffes combinées rein et pancréas en 2023

Isoler et transformer la partie endocrine du pancréas

Dès qu’un pancréas est disponible(**), l’organe est acheminé en urgence à la banque de cellule endocrinienne. Pendant trois jours, la partie endocrine du pancréas (les îlots de Langerhans), qui représente 2% de l’organe, est isolée puis mise en culture afin d’obtenir une solution de perfusion. Cette dernière est ensuite injectée dans le foie du receveur via la veine porte en radiologie interventionnelle. À l’intérieur du foie, les îlots de Langerhans s’activent pour générer une production d’insuline endogène. En parallèle, le patient suit un traitement immunosuppresseur pour réduire les risques de rejets. 

Si l’efficacité de la technique peut varier en fonction des patients, des organes et des procédures, la transplantation d’îlots de Langerhans offre une nouvelle voie thérapeutique aux patients et présente de nombreux avantages. Beaucoup moins invasive qu’une transplantation chirurgicale, elle peut être répétée en cas d’échec. Autre avantage : les greffons acceptés pour les îlots de Langerhans s’avèrent plus étendus que dans le cadre de transplantation de pancréas vascularisé. Enfin, peu d’effets secondaires sont à déplorer. 

(**) Via donneur cadavérique selon les modalités de l’organisme Eurotransplant

Les banques de tissus et cellules de Saint-Luc

Les Cliniques Saint-Luc constituent un centre expert pour les maladies rares du pancréas et le diabète de type 1, rassemblant une expertise multidisciplinaire et s’appuyant sur l’environnement du Centre de thérapie tissulaire et cellulaire. Ce dernier regroupe toutes les banques de matériel corporel humain, soit 8 banques : tissus et cellules de l'appareil locomoteur, cellules bêta pancréatiques, cellules souches adipeuses, sang de cordon, cellules souches hématopoïétiques, hépatocytes, cellules souches hépatiques, tissus et cellules reproducteurs. Saint-Luc est le seul centre en Belgique à disposer de banques couvrant toutes ces disciplines. Au niveau d’Eurotransplant, très peu de centres disposent de tels laboratoires et de la capacité de produire des îlots de Langerhans.