Autopsie virtuelle de… fœtus : l'angiographie post-mortem
Dans le cadre des autopsies, de nouvelles techniques virtuelles par imagerie médicale voient le jour. C’est notamment le cas des angiographies post-mortem qui permettent de mettre en évidence le réseau vasculaire des défunts. Les Cliniques universitaires Saint-Luc développent en ce moment cette technique novatrice dans le cadre d’autopsie sur les fœtus. Une première en Belgique.
L’angiographie post-mortem est une technique d’imagerie développée dans un contexte d’autopsie d’adulte. Elle peut être employée pour les cas de morts suspectes (contexte de médecine légale) ou les morts d’origine naturelle. Cela permet d’obtenir et de mettre en évidence un moulage du réseau vasculaire.
Depuis plusieurs années, les Cliniques universitaires Saint-Luc font partie d’une association internationale, le TWGPAM (Technical Working Group Post mortem Angiography Methods) qui a pour but de développer l’angiographies post-mortem via une série de recherches et publications dans la littérature scientifique. Saint-Luc s’est plus spécifiquement spécialisé sur l’angiographie post-mortem des fœtus (contexte de décès in utero ou d’interruption médicale de grossesse). Ces études se font en collaboration avec l’Université de Genève (Pr S. Grabherr). Les Cliniques Saint-Luc constituent le seul centre à travailler cette technique en Belgique.
Faire circuler un produit de contraste dans le sang
Afin de mettre en évidence le réseau vasculaire, il est nécessaire d’injecter et faire circuler un produit de contraste spécifique dans le sang et les vaisseaux du défunt via une machine de circulation extracorporelle adaptée pour une telle procédure.
En médecine légale, l’angiographie post-mortem s’applique pour les lésions vasculaires liées à des morts violentes (accident de voiture, blessures par balle ou au couteau, décès lié à une chirurgie, etc.) mais aussi les morts naturelles susceptibles d’être en lien avec un problème cardiovasculaire (infarctus, rupture d’anévrisme, thrombose artérielle, etc.). Cela permet de mettre en évidences bon nombre d’informations et ce, sans ouvrir le corps. L’angiographie aide considérablement à établir la cause du décès.
À l’angiographie post-mortem, peut se superposer certaines techniques de reconstruction post processing telles que le cinematic rendering pour obtenir des reconstructions en 3D très précises et très proches de ce que l’on obtiendrait en ouvrant le corps.
Angiographie post-mortem sur… fœtus !
L’équipe des Cliniques Saint-Luc s’est concentrée sur le développement de la technique d’angiographie post-mortem applicable chez les fœtus. La technique prend toute son utilité pour ces derniers : vaisseaux minuscules très difficilement visibles aux autopsies classiques, phénomène de macération dans l’utérus et altérations cadavériques qui rendent les analyses histologiques (des tissus) plus compliquées à réaliser.
L’angiographie post-mortem apporte dès lors des informations supplémentaires et plus précises pour la réalisation de diagnostic (malformations cardiaques, malformations vasculaires, syndrome du bébé secoué, etc.). Elle présente également l’avantage de ne pas devoir ouvrir le corps – beaucoup d’autopsies sont refusées par les parents pour motif religieux dans un cadre hors légal.
Aux Cliniques, la technique est réalisée avec injection du liquide de contraste dans les vaisseaux du cordon ombilical. Il s’agit d’une collaboration entre un technicien en imagerie médicale, un radiologue, un médecin légiste. À ce stade, l’équipe de recherche a réalisé 25 angiographies post-mortem de fœtus.
Perspectives : vers des autopsies uniquement virtuelles ?
Si l’angiographie post-mortem procure de nombreuses informations supplémentaires, notamment sur le réseau vasculaire, elle ne peut remplacer complètement les autopsies traditionnelles. De nombreuses analyses nécessitent encore des prélèvements (fémur, muscle, foie, etc.) L’idéal étant de réaliser les deux examens pour obtenir le plus d’informations possible.
Les recherches menées aux Cliniques Saint-Luc visent un objectif spécifique : l‘intégration de la technique d’angiographie post-mortem dans les examens de routine.