Gagner du temps contre les septicémies : une première belge
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Particulièrement sévères, les septicémies nécessitent l’identification la plus rapide possible du micro-organisme en cause et la détermination des antibiotiques efficaces pour le combattre. La prolifération des bactéries multi-résistantes aux antibiotiques complexifie malheureusement davantage cette course contre la montre. Afin de gagner un temps précieux, les Cliniques Saint-Luc sont désormais équipées d’une technique innovante (RAST) permettant la détermination de la sensibilité à 22 antibiotiques en 6 heures, contre près de 24 à 48 heures auparavant. Il s’agit d’une première en Belgique.
Le sepsis se caractérise par une réponse inflammatoire généralisée excessive de l’organisme (fièvre, inflammation, hypotension, etc.) déclenchée par une infection. Dans certains cas, l’infection s’accompagne de la présence de bactéries pathogènes dans le sang et on parle alors de septicémie. Cette forme d’infection systémique est particulièrement redoutée, car elle peut évoluer rapidement vers un choc septique, une défaillance circulatoire aiguë menaçant la vie du patient. Le risque de décès est estimé entre 15 et 20 %, risque qui peut doubler en cas de choc septique. Les séquelles s’avèrent variées : atteintes neurologiques, insuffisance rénale chronique ou troubles cognitifs durables, en particulier chez les patients ayant séjourné en réanimation. Toutes les tranches d’âge peuvent être concernées, mais les personnes fragiles, telles que les patients immunodéprimés, les personnes âgées ou atteintes de maladies chroniques, restent les plus à risque.
Cette gravité est encore accentuée par la résistance croissante des bactéries aux antibiotiques, souvent liée à leur usage excessif ou inadapté. Cette évolution complique considérablement la prise en charge, rendant d’autant plus cruciale une identification rapide du germe et une adaptation précoce du traitement antibiotique.
Le diagnostic s’apparente à une véritable course contre la montre. Car il s’agit d’identifier au plus vite le micro-organisme responsable de l’infection mais aussi de déterminer l’antibiotique le plus adéquat. Depuis avril, le Service de microbiologie des Cliniques universitaires Saint-Luc dispose d’une technique permettant de réduire cette détermination en seulement 6h contre 24 à 48 heures auparavant, soit un gain de temps gigantesque. Fournie par la firme Q-linea, l’efficacité de cette technique (RAST pour rapid antimicrobial susceptibility testing via l’appareil ASTar) a en outre été validée dans le cadre d’une étude interventionnelle incluant 200 patients en une période d’à peine 6 mois. Saint-Luc est le premier hôpital à bénéficier de cette technique en Belgique.
Hémoculture et antibiogramme
Lorsqu’il y a une suspicion de septicémie chez un patient, les microbiologistes réalisent des cultures de prélèvements sanguins (hémocultures) dans un incubateur. En cas de bactérie détectée (lorsqu’une croissance est observée), cette dernière sera identifiée par la technique de spectrométrie de masse.
Un antibiogramme permet ensuite de déterminer les antibiotiques potentiellement sensibles à la bactérie. Cette analyse prend d’autant plus d’importance dans un contexte de prolifération de bactéries multi-résistantes. Grâce à la nouvelle technique (RAST), l’antibiogramme est désormais réalisé dès la positivité de l’hémoculture avec un résultat en 6 heures, versus les 24 à 48 heures auparavant.
Des « puits » pour mesurer la cinétique bactérienne
Concrètement, une concentration définie de bactéries est mise en contacts avec des concentrations standardisées d’antibiotiques dans des « puits » situés sur des plaques spécifiques. Le système mesure la cinétique bactérienne via des photos prises régulièrement par microscopie. Un puit sans aucune croissance détectée signifiera que la concentration d’antibiotique fonctionne efficacement face au germe. À la fin du processus, un système d’analyse logarithmique dresse un tableau complet de sensibilités et de résistances aux différents antibiotiques. À partir de ce tableau, microbiologistes et cliniciens évaluent la suite de la prise en charge du patient – toujours dans l’idée d’employer l’antibiotique avec le spectre le plus étroit possible.
Outre le gain de temps, une prise en charge optimisée des patients a été mesurée dans une étude interventionnelle réalisée ces derniers mois, incitant les Cliniques Saint-Luc à investir dans cet outil innovant pour les patients. En milieu hospitalier, la détermination rapide de l’antibiogramme de certains germes permet en outre de bloquer leur transmission éventuelle.